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Hatha yoga nord

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Denain - Hordain - Saulzoir


LES MANTRAS

Publié par chrisyoga sur 9 Mai 2011, 20:17pm

Catégories : #Mantras

Les mantras

 

Les mantras sont des outils de l’esprit, formulés en sanskrit, ils sont répétés par le pratiquant et utilisés pour entrer en état méditatif. Le mot mantra est dérivé du mot ‘man’ qui signifie : penser et du suffixe ‘tra’ :qui dénote l’instrumentalité. Le mantra est donc, littéralement, l’instrument de l’esprit, qui concentre et porte sur le plan spirituel notre conscience. On les trouve sous plusieurs formes, les chants sacrés sont en général en relation avec une planète (la lune ou le soleil) ou une déité (Shiva, Ganesh, Bramha…). Le mantra peut aussi n’être que la respiration comme dans l’Ashtanga yoga où  l’on pratique la respiration Ujjayi, outre bien sûr la signification que recouvre la respiration dans le yoga.

 

 

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On estime à environ 70 millions le nombre de mantras, ce qui en dit long sur leur abondance. Au début ils étaient tirés uniquement des milliers de vers du Rig-Veda, les écritures les plus anciennes et les plus sacrées de l’hindouisme. Plus tard, d’autres mantras ont été tirés de sources non védiques, par exemple des textes associés aux écoles du Tantra Hindou, ou celles révélées par les Rishis, les prophètes voyants, pendant leurs méditations. L’école Mantra Yoga à proprement parler est quelque chose d’assez récent, c’est-à-dire entre les 12e et 15e siècles.

 

Traditionnellement les mantras ont deux buts l’un temporel et l’autre spirituel.  On voit habituellement le mantra comme un instrument de transformation. Mais les anciens  mantras étaient aussi utilisés pour des raisons/considérations profanes, il leur arrivait même de ne pas avoir de visée positive. On les utilisait pour communiquer ou apaiser un fantôme ou un ancêtre, pour l’exorcisme ou repousser les forces du mal, guérir les maladies, contrôler les faits ou pensées d’autres personnes, acquérir des pouvoirs (siddha). Dans une optique plus spirituelle, le mantra mène à la paix des fluctuations de notre mental et guide notre conscience vers la source de notre être profond et s’inclut donc en toute logique dans la tradition du Yoga. ‘Yoga Citta Vritti Niroda’.

 

Ce rapport à la parole répétée, marmonnée est commun à d’autres religions. Le christianisme, le judaïsme, l’islam ainsi que d’autres systèmes spirituels incluent aussi la psalmodie de prières et de paroles sacrées autour desquels se retrouvent les fidèles. ‘Au commencement était le verbe’, le  son, dans la tradition du Hatha Yoga, le monde s’est créé par le son, et donc toute forme de son subtil ou audible provient d’une source « muette » que l’on appelle « son suprême » (shabda-brahman) ou « voix suprême » (para-vac). Et même si tous les sons, par leur nature vibratoire, possèdent un degré certain de force créative : de shabda-brahman, le mantra est un son bien plus puissant que les autres. L’Inde est porteuse d’ne grande tradition de révérence et d’hommage au Guru, à l’enseignant ou de l’évocation du pouvoir divin. Débuter une séance de Yoga par la récitation d’un mantra aide le disciple, le pratiquant à intégrer le but de son travail qui est d’une part la libération des souffrances, dues aux contraintes de la vie, mais elle sert aussi à souligner l’intention de l’élève d’offrir humblement la pratique qu’il s’apprête à vivre comme un sacrifice au divin, qui est la  source de toute sagesse.

 

 

Le Yoga est une science du corps, du mental et de l’esprit. On n’est pas en Yoga si on se sépare du matériel. Notre réalité physiologique est un enchaînement d’énergie qui nourrit notre corps, qui nourrit notre mental qui travaille, c’est la méditation qui nous fait devenir un être spirituel. Les mantras s’inscrivent de façon essentielle dans le Yoga, leur énergie vibratoire va créer Prana : l’énergie créatrice qui dans la tradition yogique se situe sur le même plan que Om, à l’origine de la création de l’univers. Prana va donner le temps et l’espace, qui nous séparent, nous éloignent, créent la distance. C’est précisément cela le drame de l’unité primordiale, l’unité de l’origine, l’unité de Dieu, l’unité à Dieu. L’homme est Dieu et Dieu est homme. Dans ce postulat on passe de l’un au multiple, du non manifesté au manifesté, du non perceptible au perceptible, sensoriellement.

 

 

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Le Yoga nous aide à retrouver l’unité que l’existence même du Prana rompt. Le Prana se divise en 5 énergies praniques, les koshas.

On trouve en premier Annamayakosha, qui se situe au niveau de la peau qui permet de ressentir et d’exprimer les 5 énergies ; elle est contenue dans le corps grossier : Sthula Sharira. Elle permet de nous individuer et de nous dualiser, de nous reconnaître, de nous connaître.

Dans le deuxième corps, Sukshma Sharira, le corps subtil sont contenues :

-          le deuxième koshas : Pranayamakosha, celui de la couche vitale, des fonctions métaboliques et    comprend le système locomoteur, le système nerveux, le fonctionnement des viscères, du système respiratoire, digestif, circulatoire, endocrinien, excrétoire et génital.

-          Le troisième koshas : Manayamakosha, qui est la couche de la pensée, de l’appareil psychique, des ses fonctions de reconnaissance, de mémoire et d’émotion.

-          Le quatrième kosha : Vijnamayakosha, la dernière couche du corps subtil, celle de l’intelligence avec ses capacités de réflexion et de volonté. Elle constitue le moi, le je qui pense et qui décide.

Le troisième corps, Karama Sharira contient la cinquième couche pranique : Anandamayakosha, l’enveloppe de félicité appelée ainsi parce qu’elle est aussi plus près de l’Atman : le moi de l’être nouveau.

L’atman est celui qui a compris que l’énergie qui circule dans son corps grossier, physique, dans son sa chair, son corps subtil et son système circulatoire pour finalement atteindre le corps causal, l’être profond est la même que celle qui circule d’une Sharira à l’autre, d’un kosha à l’autre.

 

Le but du yoga est de faire naître, d’éveiller l’être nouveau, l’objet des Yogas Sutras de Patanjali. Le guide qui nous a été livré pour réaliser l’unification de l’esprit et de la matière, c’est-à-dire replacer l’homme dans la totalité du cosmos, pour extraire l’homme de la fluidité et de la contingence.

Swami Suddhananda enseigne que le rôle du Guru est de montrer à son disciple qu’il peut être heureux pour toujours. Le Guru c’est celui qui dit que l’homme est le bonheur, que l’homme est immortel, que l’homme est absolu. La réaction de surprise et d’étonnement du disciple enclenche l’enseignement. La  stupéfaction de l’élève est le début de l’enseignement. Il ajoute que la contemplation est la responsabilité de disciple et l’enseignement est celle du Guru.

 

Le mantra doit être répété, psalmodié et c’est la répétition qui met en état de méditation et permet de transcender l’espace et le temps. La répétition du mantra s’appelle le Jappa, qui signifie marmonner, murmurer, cette pratique a des milliers d’années et peut se faire en égrainant un Mala, sorte de chapelet formé de graines. Le concept de graines est très important en Yoga. Selon la tradition yogique, un Mantra est d’autant plus puissant qu’il aura été transmis oralement et secrètement par un Guru accompli et non pas simplement appris dans un livre. Il est ainsi emprunt de l’énergie spirituelle de l’enseignant. Conserver son Mantra secret, c’est lui garantir l’abondance de sa puissance. Un Mantra doit être maintenu secret et ne devrait être révélé à personne.

 

L’adepte se laisse d’abord habiter par les sons, puisque le Yoga se sert là de la capacité du corps à créer de la vibration, ainsi que de cette vibration qui elle-même représente une forme d’énergie qui est capable de voyager dans les trois Shariras et donc aussi dans les 5 koshas. C’est-à-dire de traverser l’homme de son corps grossier jusqu’à son corps causal pour réveiller l’Atman. Cette vibration, qui va aussi circuler dans les 3 circuits d’énergie, les Nadis : Inga, Pingala, Sushuma.

 

Le Guru partage alors avec l’élève le sens des mots du mantra. En sanskrit, le mot porte en lui l’ouverture du concept tout entier, cette résonance est encore plus présente dans la répétition du mantra.  Le mot renvoyé à lui-même et à son concept et ce à quoi il est associé élargit puissamment la portée du mantra.  Cette notion cette résonance, cette polysémie sous-jacente est une idée contenue dans la nature même du mantra. Comme une graine semée qui donne naissance à une plante, cette plante est la graine mais elle est aussi différente de la graine. Le lien existe, l’évolution existe et pourtant la graine n’est pas la plante, elle la révèle.

 

Prenons par exemple le mantra ‘So Ham’ qui signifie : je suis cela, je suis lui ou encore je suis ce que je suis. Imaginons une résonance de la force vibratoire de ce mantra. Envisageons que le premier niveau de résonance se situe au niveau de la peau, je suis ma peau, mon corps grossier. L’idée résonne encore et évolue vers je suis mon système de transformation d’énergie, de toutes ces choses qui me viennent de l’extérieur : mon système respiratoire, digestif… De proche en proche le  concept évolue en moi par ma subjectivité, mon expérience, ma personnalité. Je suis homme, femme.

Le cheminement méditatif peut ensuite évoluer vers l’intérieur :

-          Je suis père, mère, fils, fille, ami.

-          Je suis défauts, qualités.

-          Je suis aspirations

-          Je suis l’amour que je mets dans mes relations, mes actions, mes entreprises.

-          Je suis énergie, énergie libre des contraintes de l’espace et du temps, la graine de l’amour n’a pas besoin de ma présence pour exister et proliférer.

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Le cheminement méditatif peut ensuite évoluer vers l’extérieur :

 

-          Je suis ces éléments que j’intègre à mon corps,

-          Je suis eux.

-          Je suis l’eau, je suis l’air, je suis la plante, je suis le soleil.

-          Je suis l’univers.

L’espace et le temps sont là encore transcendés, il n’existe pas de différence entre mon organisation intérieure et l’organisation de l’univers. Le macrocosme et le microcosme sont liés et similaires en organisation dans la conception yogique. L’état méditatif enclenché par le mantra permet de révéler cette conception à l’intérieur du disciple. La prise de conscience, l’éveil, s’est produite.

D’autres mantras, les bijas mantra reposent eux sur la vibration du son uniquement. Ils ne sont pas porteur de sens. On les appelle aussi mantras graines. Ils sont généralement utilisés lors des kryas, pratiques de nettoyage au moment de la méditation profonde.

 

Il existe bien évidemment des recommandations pour assurer la bonne pratique du Japa. Il est important d’avoir la bonne prononciation, de respecter le rythme et la vitesse de la psalmodie, de prêter attention au but et à la signification  ésotérique du mantra. On dit qu’un mantra mal prononcé ou utilisé de façon inappropriée est « dormant » ou totalement inefficace. Il est aussi recommandé de pratiquer le Japa à la même heure et au même endroit chaque jour en se tournant vers le nord ou l’est. L’heure la plus propice est « l’heure de Brahma » (brahma –muhurta). Le plus souvent elle se situe une heure avant le coucher du soleil et se prolonge jusqu’au lever du soleil. Réunir tous ces paramètres n’est pas toujours possible. N’importe où et n’importe quand fera donc l’affaire tant que la pratique est régulière et profonde.

 

En conclusion, voici une petite histoire trouvée sur internet :

Un sage donne un jour des graines à deux hommes en leur disant :

 -Prenez en bien soin jusqu’à mon retour.

Le premier les conserve précieusement dans une boîte. Le deuxième, après quelques temps et ne voyant pas le sage revenir, décide de les planter. A l’heure de la récolte, le Guru n’est toujours pas revenu et il décide alors de planter les nouvelles graines collectées. Le Guru ne revient toujours pas et l’homme continue de planter les nouvelles graines et ses récoltes grandissent chaque année un peu plus. Enfin de retour, le sage demande à revoir les graines confiées par le passé. Le premier ouvre sa boîte et ses quelques graines sont toutes sèches et rabougries. Le deuxième présente au Guru des sacs de graines belles et saines. Et le sage le félicite.

Les mantras sont des graines offertes par des maîtres et qu’il nous appartient de faire fructifier.

Voici l’histoire telle que je l’ai trouvée :

Un jour, un Maître se rendit dans un petit village où résidaient deux fermiers qui lui demandèrent un Mantra. Le Maître leur répondit qu’avant de pouvoir leur donner un Mantra, ils devaient passer une épreuve. Il donna une graine de soja à chaque fer-mier en leur demandant de la garder soigneusement jusqu’à son retour.

 

L’un des fermiers retourna immédiatement chez lui et plaça la graine de soja dans un coffret qu’il ferma soigneusement à clé. Cela lui semblait le moyen le plus sûr de conserver le précieux don du Maître. Mais l’autre fermier réfléchit: “Qui sait quand le Maître reviendra. À ce moment-là, la graine sera peut-être abîmée ou perdue.” Il décida alors de planter la graine de soja. Peu de temps après un jeune plant tendre apparut; il fut arrosé et entretenu avec soin. Au moment de la récolte, le plant donna une pleine poignée de graines de soja. Comme le Maître n’était toujours pas de retour au village, le fermier planta les graines, qui donnèrent lors de la moisson de l’été suivant un plein sac de graines de soja!

 

Après trois longues années, le Maître revint finalement au village et les deux fer-miers lui demandèrent de nouveau un Mantra. “Rendez-moi d’abord la graine que je vous avais confiée” leur dit-il. Rapidement, le premier fermier alla chercher sa boîte à bijoux, mais lorsqu’il l’ouvrit, il n’y avait plus que le cadavre d’une mite qui s’était glissée à l’intérieur et qui avait mangé la graine. L’autre fermier était assis et attendait.“Où est ta graine?” lui demanda le Maître. Le fermier répondit: “Votre graine s’est tant multi-pliée que maintenant je ne suis pas en mesure de vous l’apporter ici, mais si vous venez avec moi, je peux vous la montrer”. Il conduisit le Maître à son grenier où était conser-vée la moisson de cent kilos de graines de soja. Ce fermier reçut un Mantra du Maître tandis que l’autre dut attendre un peu plus longtemps.

 

Celui qui reçoit un Mantra et “le range simplement dans sa poche” sans le mettre en pratique est comme le fermier qui avait enfermé la graine de soja dans une boîte dans laquelle elle avait été mangée par la “mite du temps”. Il n’y a que la pratique qui fasse un Maître.

 

 

 

 

    Sri Tulsidasji disait: Si tu veux trouver l’Ilumination intérieure et extérieure, alors place sur tes lèvres la perle scintillante du Nom Divin (le Mantra).

 

 

 

Exposé de Sonia, Eléve Professeur à l'école de Yoga Nord pas de Calais

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